🇺🇦 Guerre Ukraine : quand les géants de la Tech s’emmêlent

nakala.net

Alors que la Russie fait l’objet de restrictions de plus en plus fortes, les géants de la Tech commencent à prendre des mesures pour prendre part au combat. Mais selon certains observateurs, leurs intérêts économiques les empêchent de se montrer plus fermes.

Alors que les menaces Russe s’intensifient, l’Occident fait pression sur les géants de la tech et du numérique pour prendre part au conflit. Depuis le début de la guerre, la nation ukrainienne exhorte Facebook, Google, Apple, Twitter ou encore Netflix à se joindre au combat.
Les responsables ukrainiens ont demandé de l’aide à Tim Cook – qui s’est dit « profondément préoccupé par la situation en Ukraine » pour qu’il coupe ses services en Russie. Elon Musk, patron de SpaceX a aussi été interpellé.

Les autorités russes n’ont d’ailleurs pas traîné pour s’attaquer aux géants américains. Twitter a vu son service ralenti et a écopé d’amendes après que Moscou a demandé de supprimer certains contenus. Facebook a aussi vu son service limité pour avoir refusé de se plier aux demandes du Kremlin. Le gouvernement russe a aussi montré sa volonté de contrôler la programmation de Netflix.
Malgré ce contexte où « il est justifié que les entreprises américaines choisissent leur camp » (tweet d’Alex Stamos, ancien responsable de la sécurité de Facebook), la riposte s’est faite attendre.

Lutte contre la désinformation
Premier volet de la riposte des géants de la Tech : la lutte contre la désinformation. Facebook interdit désormais aux médias d’Etat russes de monétiser leurs contenus et de diffuser des publicités sur le réseau partout dans le monde. En Ukraine, un outil permettant de verrouiller instantanément leur compte permet aux ukrainiens d’empêcher aux utilisateurs ne faisant pas partie de leurs amis de voir les informations de leur profil.

Twitter a opté pour la même stratégie : toutes les publicités sont en pause en Ukraine et en Russie, la publicité des médias contrôlés par l’Etat russe étant déjà interdite depuis 2019. L’oiseau bleu suspend aussi certaines recommandations de tweets provenant de personnes que les utilisateurs ne suivent pas. L’entreprise explique dans un tweet qu’elle « examine de manière proactive les tweets pour détecter les manipulations ». Enfin, Twitter surveille les comptes de journalistes, activistes et autres personnalités médiatiques pour éviter toute manipulation.
Google de son côté empêche le média RT (Russia Today) ainsi que d’autres télévisions russes de percevoir les revenus issus de la publicité sur leurs sites web, leurs applications et leurs vidéos Youtube.

Elon Musk déploie Starlink en Ukraine
Interpellé par les représentants ukrainiens, Elon Musk n’a pas tardé à réagir. Sur Twitter, le milliardaire à la tête de Tesla et SpaceX déclare avoir activé Starlink, son service d’accès à Internet par satellite en Ukraine. Il dit avoir déjà envoyé des équipements sur place.

Starlink est un service permettant de fournir un accès à Internet partout dans le monde, plus particulièrement dans les régions où les infrastructures terrestres manquent. En Ukraine, ce dispositif serait d’un grand secours puisque les infrastructures de l’Est et du Sud du Pays subissent de nombreuses coupures depuis le début du conflit.
https://twitter.com/FedorovMykhailo?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1497701484003213317%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es2_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.presse-citron.net%2FF09F87BAF09F87A6-guerre-ukraine-quand-les-geants-de-la-tech-semmelent%2F
Les Anonymous déclarent la cyberguerre à la Russie
Déjà très actifs suite aux attentats commis par Daesh, le collectif Anonymous a déclaré la cyberguerre à la Russie. « Anonymous mène des opérations permanentes pour maintenir hors ligne les sites gouvernementaux et pour diffuser des informations au peuple russe sans qu’elles ne soient soumises à la machine de censure d’Etat de Poutine » déclarait le collectif sur son compte Twitter.
https://twitter.com/YourAnonOne?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1496965766435926039%7Ctwgr%5E%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.presse-citron.net%2FF09F87BAF09F87A6-guerre-ukraine-quand-les-geants-de-la-tech-semmelent%2F
Alors que certains doutaient de leur efficacité, les Anonymous ont finalement remporté quelques batailles. D’abord, le site RT est tombé pendant quelques heures. Des sites gouvernementaux, dont celui du Kremlin, ont été attaqués et sont toujours hors ligne à l’heure où nous écrivons ces lignes. La base de données du site Internet du ministère russe de la Défense a été divulguée.
Enfin, les hackers ont intercepté des communications militaires et des chaînes de télévision public ont été piratées pour diffuser des vidéos de la situation en Ukraine indique Les Echos.

Trop timides
Malgré les mesures mises en place par les géants de la tech, de nombreux observateurs estiment que Facebook et consorts s’engagent trop timidement. En cause, des mesures qui ne sont pas à la hauteur de l’évènement. Twitter par exemple avait déjà restreint les publicités durant quelques semaines sur son réseau social durant l’élection américaine de 2020, un évènement bien moins dramatique.

Facebook de son côté a choisi d’autoriser les discours en faveur du régiment Azov, une milice ukrainienne ultranationaliste. Or, ce groupe armé, accusé d’être néonazi, avait été banni du réseau social en 2019.
Surtout, les mesures prises par ces géants du web illustrent l’attachement à leurs intérêts économiques. En limitant l’accès au service, en s’attaquant aux publicités, et non en coupant tout accès à leurs plateformes, ces entreprises semblent prendre des mesures timides pour préserver leurs intérêts économiques.

Quant à la démarche d’Elon Musk, aussi louable soit-elle, elle semble difficilement concrétisable. Le réseau Starlink repose en partie sur des infrastructures terrestres. Comment l’entreprise compte-t-elle acheminer le matériel jusqu’aux zones où elles sont nécessaires alors que les forces russes y sont présentes ?

Enfin, Apple brille par son absence. Tim Cook qui semblait si touché n’a pas répondu aux appels des ukrainiens. Certes, aucune boutique Apple n’est présente en Russie mais il est possible d’y acheter des produits Pommés et surtout d’y utiliser ses services.