Burkina Faso: coup d’envoi du Fespaco, la grande fête du cinéma africain

Le Fespaco, festival créé en 1969, véritable institution qui a été décalée en début d’année, menacée par la crise sécuritaire que traverse toute la sous-région, a bel et bien lieu. 17 films sont sélectionnés dans la catégorie reine, celle des longs métrages. Et pour cette 27e édition, la volonté est de mettre en avant les nouvelles générations de créateurs.

« La lutte ou la mort, nous vaincrons », scandait Thomas Sankara. Un adage qui colle au cinéma africain dont le chemin est encore long à parcourir pour émerger. Malgré la multiplication des films et des séries, malgré les divers moyens de diffusion, les nouvelles générations rencontrent les mêmes difficultés que les anciennes.

Même le président burkinabè Roch Marc Christian Kabore s’est interrogé à la sortie de la cérémonie d’ouverture : « Quelles sont les difficultés, les contraintes, les perspectives du cinéma africain ? Il faudra que l’ensemble des acteurs de la profession se penche sur la question, pour que nous puissions lever tous les verrous qui empêchent le cinéma africain de prospérer. »

Soutenir les nouvelles générations
La direction du Fespaco a clairement fait le choix de mettre le cinéma en avant, d’éviter de politiser une fois de plus un festival qui célèbre ses 52 années d’existence. Le thème de cette édition : « Cinéma d’Afrique et diaspora : nouveaux regards, nouveaux défis ». Le fait de choisir le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako va dans cette volonté de transmettre.

« Je suis très ému que des films aient été réalisés pendant cette période de pandémie. Il y a aussi le rajeunissement de la profession cinématographique et l’engagement des États reste quand même quelque chose de très faible ! C’est dommage pour cette jeunesse. »

Acteur, musicien, le Burkinabè Smockey, Serge Bambara à l’état civil, fondateur du Balai Citoyen s’est fortement impliqué pour ce Fespaco, notamment pour la cérémonie d’ouverture avec le chorégraphe Serge Aimé Coulibaly. Pandémie, crise sécuritaire, le militant inspiré par Thomas Sankara adresse un message très clair aux nouvelles générations de créateurs.

« C’est une épreuve de plus qu’il faut surmonter, une de plus, mais ce n’est pas la forteresse la plus imprenable, explique-t-il. Cela va permettre effectivement à cette jeunesse de comprendre qu’elle a besoin de se construire sur des obstacles. Sans obstacle, on n’arrive à rien. »

Signe que le cinéma africain a continué à vivre malgré les difficultés, plus de 1 100 films ont été proposés au comité de sélection. 17 sont cette semaine en compétition dans la catégorie long métrage. Les prix seront décernés samedi 23 octobre lors de la cérémonie de clôture.