par Larry Johnson
C’est inquiétant et alarmant : Joe Biden a émis un ordre d’activer jusqu’à 3000 militaires de la Ready Reserve et de la Select Reserve et de les envoyer en Europe en vue d’une éventuelle confrontation avec la Russie. Il ne s’agit pas d’un canular. Cela figure sur le site web de la Maison-Blanche :
«En vertu de l’autorité qui m’est conférée en tant que président par la Constitution et les lois des États-Unis d’Amérique, notamment les sections 121 et 12304 du titre 10 du code des États-Unis, je détermine par la présente qu’il est nécessaire d’augmenter les forces armées actives des États-Unis pour la conduite efficace de l’opération Atlantic Resolve dans la zone de responsabilité du Commandement des États-Unis pour l’Europe et autour de celle-ci. Dans le cadre de cette opération, sous l’autorité indiquée, j’autorise par la présente le secrétaire à la Défense, et le secrétaire à la Sécurité intérieure en ce qui concerne la Garde côtière lorsqu’elle n’opère pas en tant que service de la Marine, sous leurs juridictions respectives, à ordonner le service actif de toute unité, et de tout membre individuel non affecté à une unité organisée pour servir en tant qu’unité de la Réserve sélectionnée, ou tout membre de la catégorie de mobilisation de la réserve individuelle prête et désigné comme essentiel en vertu des règlements prescrits par le secrétaire concerné, jusqu’à concurrence de 3000 membres au total à tout moment, dont 450 au maximum peuvent être des membres de la réserve individuelle prête, s’ils le jugent nécessaire, et de mettre fin au service de ces unités et de ces membres ordonnés au service actif».
L’opération Atlantic Resolve est le nom de la réponse militaire américaine à l’opération militaire spéciale de la Russie. Bien que le nombre de soldats activés et déployés ne soit pas important, Joe Biden fait peser sur la Russie une menace directe qui risque de susciter une réaction très désagréable de la part de Poutine.
En termes de renforcement des capacités militaires américaines, ce n’est pas grand-chose. Mais c’est le symbolisme et le raisonnement qui sous-tendent cette décision qui sont effrayants. Mais ce n’est pas tout.
Selon l’un de mes amis retraités de la CIA, au moins deux B-52 sont au sol dans une base de l’armée de l’air américaine en Alaska. C’est très inhabituel, selon un autre vieil ami qui a piloté des B-52. Le déplacement de ces avions vers l’Alaska n’est qu’une stupide manœuvre de cliquetis de sabres. Cela n’apaisera pas les inquiétudes des Russes quant aux intentions de l’Occident, mais les incitera à s’énerver.
N’oublions pas non plus que les États-Unis prévoient d’envoyer des F-16 à capacité nucléaire en Ukraine
Le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Sergueï Lavrov, n’a pas perdu de temps pour avertir les États-Unis et l’OTAN que si les F-16 arrivent sur le théâtre des opérations, la Russie les considérera comme une menace nucléaire potentielle :
«Le ministre russe des Affaires étrangères, M. Lavrov, a déclaré : “Les États-Unis et leurs satellites de l’OTAN créent le risque d’un conflit armé direct avec la Russie, ce qui est lourd de conséquences catastrophiques.
Le projet américain de transférer des avions de chasse F-16 au régime de Kiev n’est qu’un exemple d’une évolution extrêmement dangereuse. Nous avons informé les puissances nucléaires, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, que la Russie ne peut ignorer la capacité de ces avions à transporter des armes nucléaires.
Aucune assurance ne sera utile ici. Au cours des hostilités, nos militaires ne chercheront pas à savoir si chaque avion du type spécifié est équipé pour le lancement d’armes nucléaires ou non. Le simple fait que de tels systèmes apparaissent dans les forces armées ukrainiennes sera considéré par nous comme une menace de l’Occident dans le domaine nucléaire. Les mesures agressives prises par des États hostiles constituent une menace existentielle pour la Russie. Il n’y a aucun doute à ce sujet. Nous devrons défendre notre droit à un développement libre et souverain par tous les moyens disponibles».
Je pense que Lavrov a clairement indiqué que la Russie détruirait ces avions «avec tous les moyens disponibles». Si elle est confrontée à une menace nucléaire, la Russie répondra de la même manière. Biden augmente les tensions avec la Russie au moment même où les échecs de l’Ukraine sur le champ de bataille sont catastrophiques. Au lieu de chercher à désamorcer la guerre et à trouver une porte de sortie, Biden et son équipe semblent vouloir provoquer une guerre nucléaire.
Voici un entretien que j’ai réalisé hier (mercredi) avec Stephen Gardner. Nous n’étions pas au courant de ce que je viens de présenter. Le podcast aurait pu être très différent.
