Thomas Tuché viré, Graham Potter a donné son accord à Chelsea pour devenir le nouvel entraîneur des Blues. Sans être très connu du grand public, le technicien anglais s’est doté d’une belle réputation après des passages remarqués en Suède, au pays de Galles et plus récemment à Brighton.
Le couperet est tombé mercredi. Pas au mieux avec le nouveau propriétaire Todd Boehly, Thomas Tuchel a fait les frais du début de saison moyen de Chelsea en Premier League et surtout en Ligue des champions avec la défaite à Zagreb (1-0) cette semaine.
Un temps en concurrence avec Mauricio Pochettino et même Zinedine Zidane, c’est bien Graham Potter qui va succéder au technicien allemand et quitter Brighton, actuel quatrième du classement, pour franchir un nouveau palier dans sa déjà belle carrière de technicien. La presse anglaise annonce ce jeudi que Potter a donné son accord à Chelsea. Une belle revanche pour celui qui a pris le temps de faire ses armes loin du luxe de la première division anglaise.
Un footballeur lambda mais un coach surdiplômé
Latéral gauche peu connu, une cape chez les U21 anglais en 1996. Au moment où la génération des Beckham, Southgate et des frères Neville prenait le pouvoir chez les Three Lions, Graham Potter découvrait tout juste la Premier League en rejoignant Southampton après un début de carrière dans les divisions inférieures.
Ce manque d’expérience du haut-niveau explique peut-être aussi pourquoi l’actuel entraîneur des Seagulls n’a pas vraiment bénéficié d’une grosse cote lorsqu’il a raccroché les crampons en 2005 pour s’installer sur le bord des terrains.
Détenteur d’un diplômé en sciences sociales d’une fac britannique, Graham Potter a d’abord occupé des fonctions auprès d’équipes universitaires ou pour la sélection féminine du Ghana au Mondial 2007. Après de nouveaux passages dans le staff d’équipe universitaires il a aussi passé un master de leadership et intelligence émotionnelle à Leeds.
« J’étais un joueur assez nul, je savais que je n’allais pas avoir les opportunités comme un joueur avec une carrière de vedette, a même reconnu Graham Potter dans des propos relayés par le site gallois Wales Online en 2018. […] Ma mère m’a toujours poussé à poursuivre mes études et j’aimerais penser que cela m’a rendu plus complet. »
Et l’intéressé d’ajouter: « J’avais besoin d’essayer de gagner en confiance. Je ne voulais pas seulement être l’ex-footballeur. Je voulais être plus que ça et j’aimais apprendre. »
L’apprenti sorcier d’Ostersunds
Fort de ses nouvelles compétences acquises au fur et à mesure de ses différents cursus universitaires, Graham Potter a finalement décroché une première expérience à la tête d’un club professionnel… sur le banc d’Ostersunds en Suède. Après avoir évolué toute sa carrière en Angleterre, y avoir vécu toute sa vie jusque-là, le technicien a décidé de s’envoler vers le nord de l’Europe.
Malgré le froid, qui le poussera même à organiser de nombreux entraînement en intérieur après avoir la sueur de ses joueurs « se transformer littéralement en glaçons », l’Anglais va passer plus de sept ans dans le club suédois. Arrivé en janvier 2011, Graham Potter l’a quitté en juin 2018 après 224 matchs officiels et un beau ratio avec 109 victoires pour 56 nuls et 59 défaites. Après avoir repris l’équipe en D4, il l’a amené jusqu’en première division et lui a même offert un premier sacre en coupe nationale en 2017.
Arsenal victime des premiers sorts de Potter
Mieux, pour ce qui constituera sa dernière saison dans la ville d’Ostersund, Graham Potter permettra au club local de vivre une fabuleuse épopée en Ligue Europa. Après avoir tapé Galatasaray pendant les tours préliminaires, les Suédois sont sortis de leur poule devant le Zorya Louhansk, le Hertha Berlin et à égalité de points avec Bilbao.
Le miracle a rapidement pris un coup derrière la tête avec une lourde défaite à domicile contre Arsenal (0-3) lors du match aller des seizièmes de finale. Mais Ostersunds a fait trembler les Gunners pendant le match retour.
Après 25 minutes de jeu, le club suédois menait déjà de deux buts sur la pelouse de l’Emirates et seul la réduction de l’écart par Sead Kolasinac mettra fin au rêve de Scandinaves. A la fin de la saison et après une belle aventure en Suède, Graham Potter s’est lancé à l’assaut de la Premier League.
La parenthèse (un peu) désenchantée à Swansea
Mais plutôt que tenter sa chance au sein d’une équipe de l’élite, Graham Potter a rejoint le Championship (D2) avec l’objectif de faire monter le club gallois de Swansea. Tout juste reléguée de Premier League, l’équipe où évoluait alors les prometteurs Oliver McBurnie et Daniel James.
En 51 matchs toutes compétitions avec les Swans, soit une seule saison, Graham Potter s’en est tiré avec un bilan en demi-teinte sur le plan comptable avec 21 victoires pour 11 nuls et 19 défaites. Si le club a terminé quart de finaliste de FA Cup, en poussant Manchester City dans ses derniers retranchements (2-3), les Galloins ont échoué à une triste dixième place de Championship.
Malgré la non-promotion en Premier League, Graham Potter s’est définitivement fait connaître outre-Manche lors de son unique campagne avec Swansea.
Les résultats n’ont pas forcément suivi mais le football pratiqué par l’équipe galloise a emballé les fans. Presque sans surprise, celui qui est alors considéré comme l’un des entraîneurs capables d’incarner le renouveau de coachs anglais a tapé dans l’œil du club bien décidé à faire sa mue en première division: Brighton.
Le magicien de Brighton
Malgré cinq belles années à la tête des Seagulls, Chris Hughton est écarté en mai 2019 après la 17e place de son équipe en Premier League. Nommé à sa place Graham Potter a débarqué dans la cité balnéaire du sud-est de l’Angleterre avec de grosses ambitions dans le jeu. Fort des millions alloués aux clubs anglais grâce aux droits TV, Graham Potter a recruté plusieurs joueurs de ballons comme Neal Maupay et surtout Leandro Trossard.
Les coups lors du mercato et les choix tactiques clairement offensifs de Graham Potter ont mis un peu de temps avant de porter leurs fruits. Après avoir plus tranquillement assuré le maintien de l’équipe en 2020 (15e avec sept point d’avance sur la zone rouge), le technicien a encore aidé Brighton à progresser. Cela ne s’est pas vu sur le plan comptable pendant la saison 2020-2021 avec une 16e place au classement du championnat. Mais dans le jeu, oui.
Les Seagulls sont devenus une équipe difficile à manœuvrer avec un bloc solide qui lui a permis de boucler la campagne avec la sixième meilleure défense d’Angleterre derrière Manchester City, Manchester United, Liverpool, Chelsea et Tottenham… excusez du peu. A force bien travailler dans son club, Graham Potter a fini par marquer les esprits pendant l’exercice 2021-2022. Toujours aussi solide en défense (46 buts encaissés, sixième meilleure équipe de Premier League), Brighton a aussi trouvé une belle efficacité offensive.
Sans véritable star mais avec un groupe homogène, les joueurs du coach de 47 ans ont fini la saison à une belle neuvième place, à seulement cinq points de l’Europe. Des performances telles que le nom de Graham Potter est finalement apparu dans les short-list de Tottenham ou de l’Angleterre pour l’après Southgate. C’est finalement Chelsea, son prochain défi.