La Centrafrique appelle la France à cesser de l’«infantiliser» après des déclarations de Le Drian

A Rwandan peacekeeper of the United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in the Central African Republic (MINUSCA) (R), a private Russian security guard (C), and a member of the the presidential guard (L), stands guard while Central African Republic President Faustin Archange Touadera (not visible) is at the Barthélemy Boganda high school polling station in the 1st district in Bangui, Central African Republic (CAR), on December 27, 2020 during the country's presidential and legislative elections. - Voting began in the Central African Republic on December 27, 2020, in a key test for one of the world's most troubled nations. The polls take place after a week of turbulence, marked by accusations of an attempted coup, the brief seizure of the CAR's fourth-largest town and the dispatch of military personnel by Russia and Rwanda to help its beleaguered government. (Photo by ALEXIS HUGUET / AFP)

Le 17 octobre, le chef de la diplomatie française déclarait que le groupe de sécurité privé russe Wagner «confisquait la capacité fiscale de l’Etat» centrafricain. La ministre des Affaires étrangères de ce pays a dénoncé des propos mensongers.

«Il y a un acharnement […] et un souhait d’infantiliser la République centrafricaine et ses autorités qui doivent s’arrêter» : c’est en ces termes que la ministre centrafricaine des Affaires étrangères Sylvie Mbaïpo-Temon a réagi, auprès de l’AFP ce 19 octobre, à des propos tenus par son homologue français l’avant-veille. Elle s’est également dite à ce sujet «stupéfaite» de la réaction «extrême» et «mensongère» de Jean-Yves Le Drian.  

Il y a un acharnement […] et un souhait d’infantiliser la République centrafricaine et ses autorités qui doivent s’arrêter

Le 17 octobre, le ministre français des Affaires étrangères avait déclaré à propos des membres du groupe de sécurité privée russe Wagner qui, selon lui, «fait la guerre par procuration pour le compte de la Russie» : «Lorsqu’ils pénètrent dans un pays, ils multiplient les violations, les exactions, les prédations pour se substituer parfois même à l’autorité du pays.» Le ministre français avait ajouté : «L’exemple le plus spectaculaire c’est la République centrafricaine où finalement, pour pouvoir se payer, ils confisquent la capacité fiscale de l’Etat.» 

Confusion française entre Wagner et Moscou

Ces propos faisaient écho à l’accusation de la France selon laquelle une partie des instructeurs militaires que la Russie a déployés en Centrafrique pour soutenir les autorités locales seraient des membres de Wagner. Cette accusation, portée également par des ONG et l’ONU selon l’AFP, est démentie par la Russie. Moscou revendique en effet la présence de 1 135 instructeurs russes en Centrafrique, qui ne prennent pas part directement aux opérations de combat contre «les groupes armés illégaux», et dénonce toute confusion entre

Paris obnubilé par la Russie en Afrique ?

Le 30 mai déjà, le président français Emmanuel Macron déclarait dans le JDD qu’un «discours anti-Français a[vait] permis de légitimer une présence de mercenaires prédateurs russes au sommet de l’Etat avec un président Touadéra qui est aujourd’hui l’otage du groupe Wagner». Quelques jours après, Paris gelait son aide budgétaire et suspendait sa coopération militaire avec Bangui. Au-delà de la confusion Wagner/Moscou, la France exprime ouvertement ces réticences à voir la Russie accroître son influence dans certains pays d’Afrique, en Centrafrique mais aussi Mali. Un discours qui contribue à accroître les tensions entre Paris et Bamako, ce dernier goûtant peu de recevoir des leçons quant à ses relations internationales.